La question :

-Un homme, étant en état de colère, a répudié sa femme trois fois en même temps ; et ce, après un problème qui s’est produit entre sa femme et sa mère. Cet homme regrette maintenant ce qu’il a fait.
Est-ce que ce divorce est irrévocable ou non ?



La réponse :

Louange à Allah, Maître des Mondes et paix et salut sur celui qu'Allah a envoyé comme miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection. Ceci dit :

Les opinions des ulémas diffèrent sur la question de la triple répudiation proférée d’un seul coup.

La plus valable et soutenue des opinions est que ce genre de répudiation est considéré comme une seule répudiation après laquelle la femme peut retourner à son mari.

Celle-ci est la fatwa qu’a adoptée certains Malikites, et c’est l’avis qu’on a rapporté d’Ibn Abbâs, d’Ibn Mess`oûd et de `Abd Er-Rahmâne Ibn `Awf ainsi que de `Atâ', de Tâwoûs et autres.

C’est aussi le choix d’Ibn Taïmia et de son élève Ibn El-Qayyim.

De plus, la femme n’est pas séparée de son mari [une séparation révocable], sauf si le mariage n’a pas été encore consommé, ou dans le cas où El-`Idda (le délai de viduité) de la femme a pris sa fin.

Néanmoins, il est connu également de la jurisprudence des gens du savoir que la répudiation de celui qui est en état de colère extrême qui lui fait perdre toute conscience et toute volonté, c’est-à-dire qu’il ne conçoit pas ce qu’il dit au point qu’il devient comme un fou, est unanimement invalide.

Quant à celui qui conçoit ce qu’il dit en ayant la volonté et l’intention de divorcer, de sorte que sa conscience ne change pas ; la répudiation de celui-ci est comptée comme une seule répudiation, qu’elle soit émise à plusieurs occasions ou non, tel qu’il est mentionné ci-dessus.

Cependant, si l’homme n’a pas l’intention de divorcer mais il profère la répudiation à la suite d’une colère dont le degré est entre les deux cas [cités précédemment] de façon qu’il soit dans un état où la perturbation prédomine dans ses propos et ses actes et l’empêche d’avoir un esprit calme, avisé et pondéré, et que sa conscience ne change pas, puis il regrette ce qu’il a fait une fois que sa colère s’est apaisée ; sa répudiation sera invalide selon la plus valable des opinions des ulémas .

Ceci est le choix d’Ibn Taïmia et d’Ibn El-Qayyim, vu que la langue de l’homme n’a pas été en concordance avec son cœur ;


et le Prophète dit :




Ibn El-Qayyim a dit :

« Et les preuves de la Charia démontrent que sa répudiation est invalide, ainsi que son affranchissement et ses actes dans lesquels le choix et le consentement sont considérés. Ceci fait partie d’El-Ighlâq[2], comme l’ont expliqué les Imams »[3].

Au demeurant, la répudiation – même si elle est prononcée plusieurs fois et émise à maintes occasions – est considérée comme une seule répudiation selon la plus soutenue des opinions des ulémas, si elle n’est pas accompagnée d’une colère qui fait perdre à l’homme sa conscience et sa volonté ou le pousse à être troublé et perturbé dans ses propos et ses actes ; car dans ces deux derniers cas sa répudiation est invalide.

Le savoir parfait appartient à Allah , et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.



Alger, le 5 Cha`bâne 1428 H,

correspondant au 18 août 2007 G.




[1] Rapporté par El-Boukhâri, chapitre de « La foi » (1/126), concernant « le mérite de celui qui cherche à sauver sa religion » et par Mouslim, chapitre du « Bail à complant » (11/27), concernant le fait de faire ce qui licite et de laisser les chose douteuses, par l’intermédiaire d’En-Nou`mâne Ibn Bachîr. Voir : « Ighâthat El-Lahfâne fi Talâq El-Ghadhbâne » (39).

[2] El-Ighlâq : est le fait de perdre totalement la volonté à cause : d’une contrainte, de la colère…etc

[3] Voir : « Ighâthat El-Lahfâne fi Talâq El-Ghadhbâne » (39).