Les leçons puisées du Ramadhan(Partie 2) Voici un certain nombre de leçons dont peut profiter le musulman après avoir accompli son devoir au cours de ce mois bénit. Premièrement : Le Ramadhan est
une précieuse occasion qui s’offre à lui.
Celle-ci peut se renouveler des années encore comme elle peut ne plus avoir lieu
s’il vient à rendre l’âme entre temps.
Il est donc important d’en profiter
pour multiplier les bonnes œuvres et s’éloigner des péchés. Mieux, elle doit lui permettre de poursuivre sur cette voie car
les bonnes actions appellent les bonnes actions par récompense et
les mauvaises actions appellent les mauvaises actions par punition. Si l’individu qui se veut bon conseiller envers lui-même parvient à ce mois,
il doit le consacrer à la dévotion par reconnaissance envers Son Seigneur. Il accueille ainsi les rituels à cœur ouvert. Il se sent pousser vers l’au-delà qui est la demeure éternelle, car
le Jour de la Résurrection ni richesse ni enfants ne peuvent lui être utiles. Ce Jour où
il récoltera le fruit de ses œuvres, il lui incombe de rencontrer Allah avec un cœur sain.
C’est l’occasion de prendre des bonnes habitudes
en sachant qu’Allah nous impose de l’adorer jusqu'à notre dernier souffle.
"Adore Ton Seigneur jusqu'à ce que te vienne la conviction".[1]
"Ô croyants ! Craignez Allah comme il convient et ne parvenez à la mort si ce n’est que musulman".[2]
Après avoir goûté
à la dévotion mielleuse du Ramadhan, il ne convient pas de gâcher ce plaisir
en sombrant dans les péchés amers une fois le mois terminé.
Il ne convient pas dès le début de Shawwâl et tous les mois à venir de donner l’occasion de se réjouir à son ennemi que l’on a dompté un mois durant.
Il n’est pas dans les habitudes du musulman scrupuleux de tourner le dos aux bonnes actions après avoir quitté le Ramadhan.
Il ne doit pas préférer les mauvaises choses aux bonnes choses. Il doit surtout savoir que le Dieu auquel il se soumet durant ce mois
est aussi digne d’être adoré tous les autres mois.
Il est le Vivant qui ne meurt pas et le Qayyûm (que l’on peut traduire ici par l’Éveillé ndt.) qui ne dort pas. Les œuvres du jour Lui sont montées avant que ne viennent les œuvres de la nuit et les œuvres de la nuit Lui sont montées avant que ne viennent les œuvres du jour. Il ne commet la moindre lésion à personne. Il multiplie les bonnes œuvres à leur auteur à qui Il octroie de Sa part une récompense immense.Deuxièmement : Le jeûne est un secret entre le serviteur et Son Seigneur.
Personne en dehors de Lui
ne peut savoir vraiment s’il jeûne ou non.
C’est pourquoi, comme nous l’apprend le Hadith authentique : « Toutes les œuvres du fils d’Adam lui appartiennent ; chacune d’entre elles en vaut dix à part jeûne qui M’appartient et dont Je Me réserve la récompense. Il délaisse pour Moi ses envies, sa boisson et sa nourriture. »
Il lui est possible en effet de manger et de boire à l’insu des gens, en s’enfermant derrière une porte.
Il lui serait facile de dire une fois dehors qu’il jeûne alors qu’en fait Seul Allah
est au courant de sa situation.
La seule raison qui l’empêche de le faire, c’est de
savoir qu’Allah observe tous ses faits et gestes et qu’il se sent surveiller. Ce sentiment est tout à fait louable, mais la leçon qu’il doit en tirer, c’est
d’éprouver la même crainte concernant la prière, l’aumône, le pèlerinage, etc. Celui qui a prescrit le Siyâm est le même qui a prescrit la Salât ; elle constitue le plus grand pilier de l’islam après l’attestation de foi.
Compte tenu de son importance et du fait qu’elle est le lien constant qui relie le serviteur à Son Créateur,
Allah l’a prescrit à Son Prophète la nuit de Son ascension au ciel. Le musulman peut considérer à juste titre
qu’il est intolérable de négliger le jeûne, mais il doit en même temps avoir conscience
qu’il est bien plus grave de délaisser la prière. Troisièmement : Il est réjouissant pour les cœurs sains de voir
les mosquées se remplir à l’occasion du Ramadhan
mais il serait plus réjouissant de les voir ainsi
tout au long de l’année.
Parmi les leçons que le musulman peut tirer du Ramadhan,
c’est de prendre la ferme résolution de compter parmi les fidèles assidus à la prière en dehors du Ramadhan.
Il comptera ainsi parmi
les sept catégories d’individus qui jouira de l’ombre du Trône d’Allah le jour où il n’y aura d’ombre que la sienne.
Il est certifié en effet dans un Hadith du Prophète
qu’il y aura parmi ces derniers
un homme dont le cœur est attaché aux mosquées.Quatrièmement : Il incombe de s’abstenir
de boire, de manger et de toucher à tout ce qui peut rompre le jeûne au cours du Ramadhan, mais
concernant les péchés,
il faut s’en abstenir tout le temps.
Le jeûne consiste à
s’éloigner de certaines choses licites et illicites, mais
s’éloigner des péchés est un devoir qui incombe en permanence au musulman. Étymologiquement,
le jeûne signifie s’abstenir de quelque chose et d’un de point de vue terminologique, il consiste à s’abstenir de boire, de manger et de tout Mufattir en général depuis l’aube jusqu’au coucher du soleil.
Le sens terminologique est dérivé du sens étymologique qui englobe un sens plus large. Il exprime notamment le fait
de s’abstenir de commettre des péchés.
Les organes comme
l’œil, la langue, l’oreille, la main, le pied, et le sexe doivent s’abstenir de commettre ce qui leur est interdit de faire comme le dénote le sens étymologique du terme Siyâm.
Ces organes sont des bienfaits qu’Allah a faits don aux hommes.
Il leur incombe de
les utiliser à bon escient et de ne
pas outrepasser les limites qui leur furent imposées.
C’est
l’une des plus grandes façons d’exprimer sa reconnaissance envers le Créateur qui est l’auteur de tout
bienfait apparent ou caché dont peut jouir l’être humain.
Tous ces organes ont une fonction pour laquelle ils furent créés.
L’individu doit
les utiliser dans les limites du licite et il doit
s’abstenir en permanence de les utiliser à mauvais escient.
Allah promet une récompense immense à celui qui par reconnaissance envers Lui n’outrepasse jamais ces fonctions.
En revanche,
à faire le mal et à suivre les pas de Satan qui est l’ennemi attitré de tous les hommes, l’individu encourt la colère divine et le châtiment.
Ses membres seront interrogés sur ce qu’ils faisaient sur terre et
lui-même devra rendre des comptes sur la façon dont il les a utilisés.
Allah révèle à cet effet : "N’avance pas ce dont tu n’as aucun savoir ; l’ouïe, la vue et le cœur, tous ces organes seront interrogés à son sujet".[3]
"Aujourd’hui, Nous les empêchons de parler mais ce sont leurs mains qui Nous parlent, et leurs pieds témoignent des œuvres qu’ils ont acquis".[4]
"Le jour où ils seront rassemblés en Enfer où ils seront entassés (par groupe) • Lorsqu’ils y seront, leur oreilles, leurs yeux, et leur peau vont témoignés contre eux de ce qu’ils faisaient • Ils diront à leur peau : pourquoi témoignez-vous ainsi contre nous ? Elle répondra : c’est Allah qui nous fait parler ; Lui qui fait parler toute chose, Il vous a créé une première fois et c’est vers Lui que c’est fait votre retour".[5]
Le Prophète
enjoignit un jour à
Mu’âdh ibn Jabal de préserver sa langue.
Ce dernier s’exclama alors : « Ô Prophète d’Allah ! Nous sera-t-il demandé des comptes sur ce que nous disons !
Que ta mère te perde Mu’âdh ![6] Les gens seront-ils jetés en Enfer sur leur face ou sur leurs narines pour d’autre raison que ce que leur langue aura récolté ! »[7]
Le Prophète déclare également : « À quiconque me garantit de préserver l’organe qu’il contient entre ses lèvres et entre ses jambes, je lui garantis qu’il entrera au Paradis. »
Il a dit par ailleurs : « Quiconque croit en Allah et au Jour Dernier, qu’il dise du bien ou qu’il se taise. »[8]
D’après el Bukhârî et Muslim, Abû Mûsâ rapporte un Hadith qu’il fait remonter au Prophète et disant : « Le musulman est celui qui épargne les musulmans de sa langue et de sa main. »
Un autre propos prophétique souligne : « L’homme en faillite dans ma communauté, c’est celui qui se présente le Jour de la Résurrection avec à son actif la prière, le jeûne et l’aumône. Cependant, il a sur terre insulté un tel, diffamé un tel, mangé l’argent d’un tel, versé le sang d’un tel, ou frappé un tel. Dès lors, les uns et les autres prendront sur ces bonnes œuvres. Si ces dernières s’épuisent avant qu’il puisse réparer tous ses préjudices, il lui sera mis sur le dos les péchés de ses victimes avant d’être jeté en Enfer. »[9]
Dans un autre Hadith, le dernier envoyé affirme : «Le Paradis est pavé de contraintes et l’Enfer est pavé de plaisirs.»[10]
Bref,
Allah impose à Son serviteur de préserver sa langue, son sexe, son ouïe, sa vue, sa main, et ses pieds de sombrer dans les interdits, comme le révèle le sens étymologique du terme Siyâm.
Ce genre d’abstention n’est pas valable uniquement une certaine période de l’année mais
il faut la respecter jusqu’à la mort, par dévotion envers Allah.
Le but, c’est de
gagner l’Agrément d’Allah et de s’épargner Sa Colère et Son Châtiment. Le musulman qui a conscience qu’il se trouve au cœur du mois des jeûneurs,
s’abstient automatiquement de certaines choses qui en temps normal lui sont licites. Cela doit le pousser d’autant plus à s’abstenir des actes qui furent frappées d’une interdiction permanente. Il va ainsi tout le temps s’éloigner de ces choses,
motivé par la peur de subir le Courroux d’Allah prévu pour les désobéissants. Le Prophète
nous informe à travers un Hadith Qudusî (divin) qu’il rapporte de Son Seigneur, que
le jeûneur a deux joies ;
une joie au moment de rompre son jeûne et une joie au moment de rencontrer Son Seigneur.
Il éprouve une première joie pour avoir terminé et réussi sa journée. Sa récompense auprès d’Allah est immense, mais la plus grande joie se fera le jour de sa rencontre avec Son Seigneur qui est
une récompense appropriée à l’effort. L’individu préserve sa langue de dire
des paroles grossières ou de calomnier ;
il préserve son sexe ou sa main
de faire des actes interdits ;
son oreille d’entendre
des choses interdites ;
ses yeux de
voir des choses interdites.
En utilisant ces organes pour des choses licites et en les préservant jusqu’à sa mort, il aura l’opportunité de rompre cette abstinence avec les jouissances qu’Allah a préparées à Ses créatures obéissantes.
Le premier bienfait dont il pourra jouir
se situe juste au moment où il passe dans l’autre monde comme nous l’indique le Message d’Allah
.
À ses derniers instants, des anges se présentent à lui.
Ils donnent l’impression d’avoir le soleil sur leur visage.
Ils sont munis d’un linceul et des encens du Paradis, avec à leur tête l’Ange de la mort qui lui dit : « Ô âme pure ! Sors pour te rendre vers un pardon et un agrément venant d’Allah. »
Elle va alors sortir et suinter comme une goutte sort de l’outre, etc. Telles sont les premiers instants des jouissances qui attendent l’individu qui veille à son bonheur et qui se préserve de sombrer dans la perdition et la ruine.
Un homme interrogea le Prophète
sur le jour de la fin du monde.
Ce dernier l’orienta cependant
vers une vérité qui lui est bien plus utile.
Autrement dit,
il lui recommanda de s’y préparer à travers les bonnes œuvres.
Il lui déclara en effet : « Et qu’est-ce que tu lui as préparé ? »
Il lui fit savoir ainsi que sur terre
il incombe à l’homme de se préparer à sa prochaine vie. Allah révèle à cet effet : "faites dès lors vos provisions, mais la meilleure des provisions que vous pouvez faire, c'est de vous armer de la piété. Craignez-moi donc, Ô ! Gens doués de raison".[11]
Tout voyage réclame des provisions adéquates et le voyage vers l’au-delà réclame de
se munir de la piété et des bonnes œuvres. Il incombe de cheminer sur la bonne voie, celle que nous a tracée le Messager d’Allah
Que les Prières et les Salutations d’Allah soient sur notre Prophète Mohammed ainsi que sur sa famille et tous ses Compagnons ! Notes[1] El Hijr ; 99
[2] La famille de ‘Imrân ; 102
[3] L’ascension nocturne ; 36 autre traduction possible :
]de tous ces organes, il sera interrogé].
[4] Yâ-Sîn ; 65
[5] Les Verset détaillés ; 19-21
[6] Ce genre d’expression venant du Prophète
n’est pas à prendre au premier degré.
Toute invocation de sa part à l’encontre de l’un de ses Compagnons est en fait une invocation en sa faveur dont il retrouvera les bons effets le jour de la résurrection (N. du T.).
[7] Rapporté par e-Tirmidhî.
[8] Rapporté par el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra
[9] Rapporté par Muslim.
[10] Rapporté par el Bukhârî et Muslim, selon Abû Huraïra
.
[11] La vache ; 197
Traduit pour
Islam.house par :
Karim ZENTICI